Un duo « d’apprentis proxénètes » a été condamné à quatre ans de prison ferme pour avoir cherché à profiter d’une adolescente à la dérive. Ils risquaient une peine de dix ans

Deux hommes ont été condamnés, ce vendredi à Toulon, à quatre ans de prison ferme pour « proxénétisme aggravé ».

Ces Varois ont été reconnus coupables d’avoir encadré la prostitution d’une adolescente, en janvier 2020.

« C’est chose aisée que de profiter d’un profil comme celui de cette mineure ; une proie facile, en conflit avec ses parents, qui allait de foyer en foyer… », a plaidé Me Morgan Daudé-Maginot, l’avocat de l’ado en fugue au moment des faits.  « Peut-on vraiment parler de consentement, compte tenu de sa minorité et de sa fragilité ? » Sa cliente a été décrite par un expert psychiatre comme « très immature et très influençable ».

 

Une annonce sur un site porno

Loane (1) était âgée de 14 ans quand elle s’est amourachée d’un livreur de pizzas, de cinq ans son aîné. Lui, orphelin de mère, résidait chez ses grands-parents au Pradet.

« On s’embrassait et on couchait ensemble, mais on n’avait pas mis le mot « couple » sur notre relation », croit-il utile de préciser à la barre du tribunal correctionnel.

Ce « petit ami » a photographié la jeune fille dans une tenue et une position suggestives pour illustrer une annonce sur un site web spécialisé. Il a aussi loué un studio au sixième étage d’un immeuble à Toulon, avec une vue imprenable sur le port.

 

Trente relations sexuelles

Loane évoque « une trentaine [de relations sexuelles tarifées] en moins d’une semaine (…) Je prenais l’argent et je le mettais dans un coin, ce n’est pas moi qui gérais ». Elle estime à « deux mille euros et quelques » le chiffre d’affaires de ces quelques jours.

L’intervention des policiers toulonnais a mis fin à l’engrenage après que le père de la victime a donné l’alerte. Il a reçu un SMS explicite, en fait destiné à un client. Quand les forces de l’ordre ont défoncé la porte du studio, le second prévenu a pris la fuite – avec l’argent – en passant par un balcon voisin.

 

« Il voulait rentrer dans ses frais »

Ce Seynois, alors âgé de 26 ans, se cachait derrière un rideau dans la pièce étaient reçus les clients, prêts à débourser 100 ou 150 euros en fonction de la prestation.

« Elle m’a dit qu’elle se sentait plus en sécurité quand j’étais là », dit-il.

Ce souteneur se serait aussi chargé des achats de préservatifs, de lubrifiant et d’autres accessoires. « Il voulait rentrer dans ses frais », a témoigné une ancienne petite amie.

Ls vidéos et les SMS exhumés par les enquêteurs témoignent de l’idée que les prévenus se faisaient des femmes, « traitées comme de vulgaire objets », selon le procureur Laurent Robert. « Par appât du gain, on va détruire une vie, on va détruire une âme ».

 

« Une banalisation chez les jeunes »

 

« Tous les trois, on ne s’est pas vraiment rendu compte de ce que l’on faisait », s’excusent les prévenus. 

Les « apprentis proxénètes », selon l’expression d’un avocat, ne se doutaient pas que la victime était si jeune. « On s’est rencontré en boîte de nuit à Solliès-Pont ».

L’un des avocats de la défense, Me Christophe Hernandez, a déploré « le contexte d’une société qui, depuis une quinzaine d’années, s’est hypersexualisée ».

Avec comme conséquence « une sorte de banalisation chez les très jeunes ».